Comme toujours, notre chère Jane Austen décrit l’âme humaine avec lucidité et précision. On connaît déjà son habileté à décortiquer les caractères de ses personnages ; les « méchants » (hypocrites, cruels, radins, hautains, manipulateurs, revêches, etc.) sont toujours délicieux : Fanny, la belle-sœur d’Elinor et Marianne, dans Raison et sentiments, et Caroline, la sœur de Charles Bingley, dans Orgueil et Préjugés, en sont deux exemples.
Dans ce court roman, Lady Susan appartient à cette catégorie, et pourtant, c’est bien elle le personnage central de l’histoire : veuve depuis quelques mois, cette coquette qui a pour réputation de détourner les hommes mariés tente de se racheter une conduite en vivant à la campagne, chez son beau-frère et sa belle-sœur (M. et Mme Vernon). Toujours occupée à parader à Londres, elle a négligé l’éducation de sa fille, Frederica, 16 ans, qu’elle a placé en pension.
Elle cherche à la marier au plus vite pour en être débarrassée, et pour se faire, elle fait jouer son influence sur Sir James Martin, un jeune sot exubérant, qu’elle persuade de faire la cour à Frederica. Grâce à sa beauté, son intelligence et ses grandes compétences en matière de manipulation, elle réussit à rallier Réginald de Courcy (frère de Mme Vernon) à sa cause, et tente même de se faire épouser de lui.
Ecrit sous forme de lettres échangées entre les divers protagonistes de l’histoire, le roman est court mais on y est tenu en haleine : cette mégère parviendra-t-elle à ses fins ?